La mort, vue de près

Quelle journée éprouvante. Même si on sait que ça s’en vient, que c’est inévitable, on n’est jamais prêt. Jusqu’à aujourd’hui, j’avais toujours réussi à rester calme, comme l’a fait remarquer Denise, victime et dupe de mes artifices. Mais c’était au prix de beaucoup d’efforts, autant devant Guy que devant Monique. J’ai passé l’heure du dîner à pleurer de façon incontrôlable au resto, et dans l’auto ce matin ce n’était guère mieux. Chaque toune des Beatles qui arrivait à l’antenne du iPod de There réglé sur « random » (et il y en a un estie de paquet) me rappelait une infinité de moments passés avec Guy, ce complice inébranlable des périodes les plus difficiles de l’existence.

Comme à chaque fois où je me suis rendu à Sainte-Madeleine depuis le printemps, j’ai conduit avec un voile de larmes qui me séparait de la route. C’est vraiment très difficile pour moi, je ne peux pas y croire, même aujourd’hui, confronté à l’inéluctable…

Je ne croyais pas être en mesure de regarder Guy en pleine face et de me résoudre à le quitter pour ce que je savais être la dernière fois. J’étais absolument incapable de revenir dans la chambre au moment de quitter pour Québec; je me suis fait depuis quelques mois 4000 scénarios d’adieu sans être capable d’en choisir un, complètement paniqué à l’idée d’avoir à mettre l’un d’eux à exécution, incapable d’imaginer cette situation sans fondre en larmes. Lorsque j’ai entendu son unique fille Audrey-Anne lui parler en le quittant, j’ai perdu le peu de contrôle que j’avais réussi à reprendre. Je suis redevenu un petit enfant qui cherche sa maman.

J’ai bien peur de n’avoir pas été très utile dans les circonstances, mais je veux remercier toutes les soeurs Gingras de m’avoir acccordé le privilège de vivre ces instants parmi elles, à commencer par la maman, qui n’a pas vieilli d’un poil, toujours aussi vive et présente à plus de 90 ans. Cette dame vit mon pire cauchemar : voir l’un de mes enfants quitter cette vie avant moi, en contradiction violente avec les principes généralement admis.

Une dernière chose, la plus importante : Monique, la conjointe de Guy, est l’amoureuse la plus dévouée qu’il eut pu souhaiter avoir, et elle mérite l’amour et le soutien de tous. Son dévouement dépasse l’entendement et réconcilierait le plus cynique d’entre nous avec la nature humaine.

D’ici quelques jours, nous serons plusieurs à nous rassembler pour nous rappeler quel être humain incroyable il aura été. Ses défauts, ainsi les démons qui l’ont habité bien malgré lui et précipité sa perte, nous paraîtront alors bien mineurs en comparaison avec les immenses qualités humaines qui lui donnaient une raison d’exister. Voilà un garçon qu’un cœur immense animait et qui n’avait d’autre ambition que de faire le bien autour de lui. Il m’a fait un bien énorme au cours de mon existence, et j’aime à penser que je n’ai pas été le seul à profiter de sa présence.

Guy, si Saint-Pierre a besoin d’un guitariste dans son band cosmique, dis-lui de me garder une place. Un jour ou l’autre, nous serons réunis.

– Pitché dans le blog avec mon iPad!

8 Commentaires

  1. Pierre Castonguay

    @Emma et Kati : merci mes pinottes… XXX

  2. Patrice

    Je suis en pensée avec toi, papa xxx

  3. sarah_tailleur

    Je pense à toi Pierre

    xxx

    Emma

  4. kati.

    Je t’envoie du gros amour mon peter xxx

  5. Pierre Castonguay

    @ Pat : fais attention à toi, la chandelle est moins longue qu’on le croit.

  6. Denis Bilodeau

    Salut Pierre
    Tu dis dans ton mot que tu penses ne pas avoir été très utile dans les circonstances. Mais rassure toi, j’ai déjà vécu des périodes de grande détresse aussi et c’est fou comme la présence d’un ami (quand bien même qu’il ne dise absolument rien) peut être réconfortante. Tu as fait énormément pour ton ami de toujours.

  7. Pierre Castonguay

    Merci Denis. Ces moments sont précieux, malgré leur violence, et restent à jamais gravés au plus profond de nous. Guy vivra toujours dans mes pensées et j’aime à penser que chez Saint-Pierre, il me regarde de haut et trouve que je m’affole inutilement.

  8. Anonymous

    Très beau témoignage… vous deviez faire toute une paire vous deux. Au revoir!

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